"L'Eternité n'est pas de trop" dans ce beau livre de François Cheng, j'ai trouvé cette présentation de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) qui représente pour moi, le fondement de ma pratique.
“... Il se rappelle à temps l'enseignement du Grand Maître.
Celui-ci n'avait-il pas répété que la médecine n'est pas affaire de recette, qu'elle n'est rien sans la pensée qui la fonde ? A l'heure où menace le désespoir, n'est-il pas grand temps de revenir à cette pensée ?
Il est dit que tout est lié, que les signes humains ne sont pas séparables de ceux de la terre et du ciel.
Au sein de cet ensemble organique, ce qui relie n'est ni chaine ni corde, mais le souffle qui est à la fois unité et garant de la transformation.
Oui, l'importance du souffle.
Car, à l'origine, c'est le Souffle primordial qui, combinant les souffles vitaux que sont le Yin, le Yang, et le Vide médian, a engendré le Ciel, la Terre et les Dix mille êtres.
Une fois l'univers vivant constitué, les souffles vitaux continuent, bien sûr, à fonctionner, sinon, cet univers ne tiendrait pas. Seulement voilà, par suite de désordre ou de dérèglement, tous les souffles ne sont pas constamment valables; certains peuvent se montrer déficients, pernicieux, malins.
D'où l'idée du Shen, "souffle-esprit, esprit divin", qui est le critère du vrai et du juste. Le shen est la forme supérieure des souffles vitaux. Assurant en permanence la grande rythmique du Tao, il assure du même coup l'infaillible principe selon lequel "la Vie engendre la Vie", phrase clé du Yi-jing, le Livre des mutations.
Le shen n'est donc pas un ordre fatal. Néanmoins, seuls les signes issus du shen et régis par lui sont valables. Le véritable devoir d'un médecin (chinois), consiste justement à capter le shen qui est aussi bien dans l'univers qu'à l'intérieur de chaque corps, puisque le corps, plus que de chair et de sang, est avant tout condensation de souffles. C'est dans la mesure où le médecin capte le shen au coeur d'une entité vivante qu'il peut la restituer dans la voie de la vie..."
L'éternité n'est pas de trop ... pour vivre bien et mieux ! |